jeudi 6 février 2014

L'epsinet attaque le Green IT : Chapitre 1

Internet. Ce bouillonnement hétérogène de renseignements et de données qui circulent en tous sens sur le réseau dans une liberté bordant l’absolu. Des flux d’informations que tous utilisent aujourd’hui indifféremment : chargement d’une vidéo, envoi d’e-mail ou messagerie instantanée, échanges entre serveurs… Mais il ne faut pas oublier que cette interactivité, clef du réseau tel qu’on le connaît aujourd’hui, repose essentiellement sur les matériels qui le constituent.

Malgré le fait de nos recherches, de nombreuses questions restent aujourd’hui encore sans réponses tangibles. Nous pouvons cependant proposer quelques pistes de réflexion quant aux actions pouvant être menées. Mais plutôt que d’attaquer cette immense pyramide de front, faisons preuve d’un peu d’ingéniosité et prenons soin de franchir les marches une à une, tels les conquistadores à la recherche des cités perdues.

Comment établir avec précision l’empreinte énergétique des appareils composant un réseau ?

La première pierre de cet édifice se trouve assurément dans les équipements eux-mêmes. Que serait un réseau sans matériel d’interconnexion (switchs, routeurs…) ? Étant essentiellement ce qui permet de faire transiter les données, il est normal de leur allouer une place d’importance dans notre système de mesure. Et en effet, il s’agit bien ici de notre mesure étalon, celle qui va servir de base pour toutes les autres. Nous pouvons ainsi établir des échantillons d’une consommation à vide des appareils qui seront par la suite retravaillés en fonction des différents paramètres présents dans un environnement spécifique.

Plusieurs outils peuvent être utilisés pour arriver à ce genre de résultat, nous citerons, entre autres, l’utilisation des plugwises pouvant se brancher à tout appareil électrique et offrant une vision de la consommation en temps réel. Pour entrer dans un domaine moins universel, certains constructeurs ont également décidé de se pencher sérieusement sur la question, notamment Cisco, qui a récemment fait l’acquisition de Joulex, un logiciel à installer sur ses serveurs dans le but de piloter ses appareils pour en réduire la consommation au maximum.

Il existe encore quelques autres solutions de mesure, mais gardons un œil critique sur la situation et rappelons que ces matériels de mesure ont, eux aussi, un impact énergétique. Il serait bien paradoxal d’alourdir les consommations en voulant les mesurer.

Quelles sont les variables pertinentes de la fluctuation de leurs variations de consommation ?

Déduction explicite de notre première question, restons méfiants ! Beaucoup de réponses naturelles peuvent venir se greffer à ce questionnement et vite se transformer en un amalgame informe d’idées. Essayons dans un premier temps de mettre de côté l’instinct "ce sont les utilisateurs", que nous reste-t-il ? Un réseau va bien plus loin qu’une simple liste de personne l’utilisant comme bon leur semble. C’est aussi toute une technologie et une architecture, et vient avec elle un certain nombre de paramètres bien à part.

Si nous nous attaquons à la base même, avant tout transport de données, nous nous heurtons aux protocoles présents sur les équipements que nous avons évoqués ci-dessus. Multiples et variés, il ne serait pas pertinent d’en faire une liste complète. Néanmoins, nous avons eu l’occasion d‘expérimenter un de ceux les plus utilisés : le STP. Utilisé par les switchs pour éviter les chemins redondants au sein d’un même réseau (et donc l’éclatement infini de données tournant en rond sur ces mêmes chemins), nous avons constaté que l’activation de ce protocole enclenchait une augmentation de la consommation sur les matériels testés (d’un ordre compris entre 2 et 3 %). Charge inutile lorsqu’un réseau est convenablement géré, son utilité apparaît lorsque nous simulons un problème de redondance de chemin : près de 15 % de consommation en plus.

Encore à l’état d’expérimentation, ces résultats démontrent déjà qu’il existe bel et bien un impact relatif à l’utilisation de ces protocoles classiques et présents sur la plupart des réseaux. Et si, pour un équipement isolé, cela ne représente pas une augmentation notable, porter ces petits gains à l’échelle mondiale fait bien vite changer de point de vue.

Examinons désormais les données en elles-mêmes. Présentement, le réseau que nous utilisons est un mélange d’IPv4 et d’IPv6, deux protocoles au même but, mais à la structure bien distincte. Ne serait-ce que par la longueur de leurs trames, on peut déjà établir qu’il va exister une différence de traitement lors de la traversée d’un équipement d’interconnexion. Ceux-ci auront par conséquent des charges différentes et fourniront des consommations diverses.

Si d’autres variables sont, bien sûr, à prendre en considération (la charge des équipements, la manière dont elle est répartie, …), ces premières pistes balayent déjà un champ d’action important et rempli d’opportunités à saisir.

Pouvons-nous agir sur ces éléments ?

Viennent à présent la fameuse variable utilisateur et la question des actions que nous pouvons mener pour essayer de trouver un accord entre performances et nécessités.

Nous évoquions quelques lignes plus tôt l’effet des protocoles susceptibles d’être couramment retrouvés sur les réseaux. Parmi ceux-ci se trouve une catégorie bien particulière, parfait exemple de cette balance instable : ceux chargés de la sécurité des données et de leur intégrité. S’en suit naturellement l’interrogation du coût de la sécurisation des échanges induite par les utilisateurs.

Second écho dont les rebondissements nous amènent inexorablement vers les transports, il va désormais falloir faire un choix sur les moyens de communication utilisés. Ne serait-ce que pour un mail, il a déjà été montré qu’un envoi au format HTML ou au format texte influait grandement à plusieurs niveaux : en plus de l’économie de place sur les disques (entraînant un gain de consommation directe), la direction que prennent nos recherches y rajouterait le gain du transport en lui-même, creusant un peu plus un écart déjà profond.

Que coûte réellement le transport d’une donnée en termes d’énergie ?

Les cartes étant maintenant en bonne partie posées sur la table, nous nous retrouvons face à la question instigatrice qui aura élevé un mur de points d’interrogation devant nous. Comme nous l’avons déjà répété, il est impensable de pouvoir donner une estimation à la volée sans avoir auparavant réuni toutes les briques précédentes. Mais les fondements sont maintenant posés et ne restent plus qu’à construire les murs sur lesquels nous pourrons nous appuyer avant de pouvoir découvrir cette immense demeure qu’est le réseau internet.

Affaire à suivre…


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